jeudi, décembre 28, 2006

Du pneu de maison au pneu de velo...


Le soleil, fatigue deja par un mois d'ete harassant, se leve lentement sur Ngaruawahia; et vient frapper de ses rayons estivaux la maison folle, reve de toute une famille. Le soir d'avant encore; Brian, Karen, Clinton et Wade ne comptaient pas les moutons au moment de s'endormir, mais bien les 2000 pneus qu'ils ont eux-meme courageusement remplis d'argile.
Repondant aux cris des cochons affames demandant de la nourriture, le chien s'elance a la poursuite d'une poule. Il essaye de s'offrir son repas de noel. Sortant a mon tour, je m'en vais expliquer a Cindy (c'est le nom du chien), qu'il poursuit le mauvais volatile, et que de toute facon, il n'existe pas d'elevage de dinde en Nouvelle-Zelande. Je m'entends plutot bien avec les animaux peuplant la propriete. Surtout avec "pig", le cochon, que j'aime caresser allegrement dans le sens du poil. Le contact passait bien avec "bee", l'abeille, jusqu'au jour ou elle decida de mettre fin unilateralement a notre relation. Me sentant trop proche de sa ruche, elle me signifia, par une piqure placee talentueusement sur le creux de l'oreille, que je devenais trop intrusif. Mais voila, en ce jour de noel, je decide de la pardonner, meme si la piece maitresse de mon appareil auditif n'en est pas encore tout a fait remis.

Laissant cette menagerie s'ebattre et se debattre, nous partons, toute la famille, vers Cambridge. La famille de Brian nous y attend, afin de feter l'evenement, au beau milieu de cet ete brulant. Je passe la journee tiraille entre des partis de rugby dans le jardin (mon pauvre nez devrait s'en souvenir assez facilement), des matchs de ping-pong, ainsi qu'une nourriture abondamment servie. Les conversations vont bon train, et l'on ne manque pas de me poser la question fatidique : " mais en fait, ou se trouve la Belgique ?". Heureusement, l'Atlas familial vint a ma rescousse, apportant les reponses adequates au flot de questions.

Le Lendemain, la celebration de Boxing day amene les amis de Brian et Karen a pointer leur nez dans la maison ecologique. Le repas se prend joyeusement au milieu de ce qui sera la cuisine, dans un an, une fois la maison entierement construite. Apres une apre discussion avec un Mormon qui essaie de me convaincre de l'honnetete de son Eglise, j'aide au rangement. Ce sera ma derniere journee a Ngaruawahia.

En effet, le 27 decembre, je prend la route. Seul avec mon velo. En deux jours, j'atteins Taupo, petite ville situee au bord du lac du meme nom. Jana, la volontaire allemande du chantier m'y rejoindra le 30 decembre, afin de passer le cap de la nouvelle annee sur le sommet de la montagne Tauhangi, surplombant majestueusement la cite thermale...


Santiag/Zib

mardi, décembre 19, 2006

Memoires d'un voyageur solitaire

Titirangi Bay, 29 novembre

Des taches parcourent lentement l’herbe verte de prairies rebondies sur le flanc d’une montagne qui pourtant garde une allure de titan. De temps en temps, une silhouette de mouette plane entre les sombres nuages qui s’avancent avec lourdeur et se deploient ou se resserrent. Alors seulement un coin de ciel bleu donne ca et la un ton plus leger et baigne les prairies dont je parlais dans un vert qui, a cote de la penombre dans laquelle la montagne est plongee, semble presque phosphorescent. Est-ce l’herbe qui eclaire le ciel ou l’inverse?
Le vent et le bruit des vagues s’ecrasant sur le sable noir donnent a la scene un air grave. Pourtant, le creux de dune ou je suis assis me confere comme un petit havre de paix dans ce tumulte. Un ruisseau fait ses derniers pas entre les galets avant de se jeter dans l’ocean. Comme moi, quelques hirondelles profitent de cet ecrin.
Assis la, mon corps se repose des efforts du jour. Je me reveillais ce matin a bord du Zircon Flamboyant en entreprenant de parcourir a velo les 26 km qui me separent de Titirangi Bay. Sur le chemin, me disais-je, je pourrai deposer mon celerifere et grimper, pedibus cum gambis, au sommet du mont Stokes pour admirer la vue sur les fjords du Marlborough.
Seulement, la cote est rude et le velo alourdi par mon sac. Une fois de plus, comme lorsque je voyageais avec mon vaillant camarade, j’entreprenais sans le savoir ce qui s’avera plus tard etre la plus longue cote qu’on ait grimpee. Je dois alors ravaler mes ambitions quant au sommet du mont Stokes qui, de toute facon, est cache dans un amas de lourds nuages noirs. Mais au plus j’espere la descente, au plus ca monte.
Quelques larmes plus tard, j’amorce la descente vers Titirangi Bay avec prudence et circonspection: le vent est si fort que, meme les deux pieds bien campes dans le sol, je manque de chuter.


La plage au coeur de cette superbe baie serait digne d’etre nommee: “Two dead penguins and two dead sharks beach”. Cette pensee, assis dans le sable, me ramene quelques jours auparavant, alors que Santiago et moi venions de prendre la route entre Christchurch et Picton. Nous avions traverse le pays de part en part, d’Est en Ouest, a travers monts et vallees. Chaque foret, chaque prairie, chaque maison, a peu de choses pret, me donnaient envie de m’installer la pour toujours… Mais le destin nous poussait vers la ville de Picton, ou Santiago devait prendre le ferry pour l’ile du nord.




Ainsi roulions-nous vers le nord, tout en decouvrant la cote Ouest (West Coast, que nous pouvons aisement s’amuser a transformer en Wet Coast). Des forets d’une densite rare, avec leurs pins, leurs fougeres geantes et leurs milliards de feuilles, plongeaient dans une mer de Tasman qui, a nos yeux, semblait demontee. La hauteur des falaises et l’aspect inhospitalier des rochers portaient a croire qu’aucune plage ne donnait acces a la mer.



Puis, au bord de la route, au milieu de cette foret touffue infranchissable, quelques herbes et brqnchages sont ecartes, nous laissant un etroit passage taille dans cette jungle comme un tunnel creuse dans la roche, un sentier secret nous mene inexorablement vers le bas. Enfn, nous arrivons en presence d’une plage superbe. Quelques rochers emergent d’un sable gris et fin traverse par un ruisseau s’ecoulant sur la plage. En amont, une cascade s’ecrasant sur un rocher plat offre comme un lit de fraicheur au voyageur fourbu. Mais il fait deja assez froid et nous piqueniquons en regardant vers l’horizon. Au loin, il semble qu’un phoque, le nez dans le sable, repose du sommeil que l’on dit eternel. Mais apres examen, ce n’est qu’un morceau de bois. Quoi qu’il en soit, nous baptisons ce paradis: “The dead seal’s beach”.



Cependant que j’ecris ces lignes assis sur ma dune, une vache noire me regarde d’un air interloque, ennuyee par ma presence. C’est plutot moi qui devrait etre surpris de voir une vache dans des dunes. Enfin. On est dans le pays ou les bovins, eux aussi, ont la tete en bas…


Alors que je cherche les mots qui conviendront le mieux a la suite de l’histoire en regardant dans le vague, le bruit et les reflets du ruisseau me rappellent non sans nostalgie cette riviere ou Santiago et moi nous baignames, quelques jours auparavant. Nous avions quitte, la veille de la baignade, les vagues et les vents de la cote ouest pour une route en gravier (les fameuses gravelroads neo-zelandaises) de six kilometres, poussant le Zircon dans ses derniers retranchements.
La route entrait dans les terres entre deux falaises imposantes recouvertes d’une jungle epaisse. Santiago et moi nous croyiionsdeux guides/braconniers/rangers/trafiquants de coca au fin de fond du Kenya/de la Colombie. C’etait epique.
Nous nous arretames au bord de la riviere Bullet et allumames un feu pour eloigner ces maudites sandflies si enclines a vous vider de tout votre sang.



Tels frodon et Sam quittant la Comte, nous sommes partis le lendemain a l’aube entre pres fleuris et clotures eparses, vers le mont Bovis. La randonnee fut epuisante mais magnifique, une fois de plus. Dans la foret, alors que le ciel etait d’un bleu eclatant, presque aucun rayon de soleil ne traversait les denses feuillages. Puis, arrives au sommet, la vegetation plus rare nous offrait a voir l’ocean pourtant loin, et plus d’arbres que je n’en avais jamais vu. Il semblait que nous etions les seuls humains a des lieues a la ronde.





De retour aupres du Zircon, nous nous rafraichissons dans la riviere bienfaitrice avant de redescendre vers la cote.
A present, le vent se fait plus froid et j’ai interet a fermer mon k-way si je ne veux pas choper la creve. J’ai l’impression que mon ecrin de sable n’est plus aussi efficace qu’avant. A present, les nuages gris fonce ne laissent plus de repit aux rayons du soleil. Quand je pense que, il y a a peine quelques jours, nous siestions au soleil sur une plage de sable chaud et dore, entoures de nymphes superbes et denudees. C’etait dans le parc Abel Tasman.

Nous etions partis, je me souviens, un matin tres tot, sacs au dos. La marche etait en realite plutot penible: un sentier battu, sans reliefs, dans une foret ennuyeuse et sans rebondissements. Puis, au premier arret, nous nous trouvons stupefaits devant tant de beaute: un panneau nous invite vers une plage de sable fin entouree de pins, rochers, palmiers et fougeres geantes, avec une eau si claire, turquoise, puis bleue a l’infini, se confondant avec la canopee celeste comme l’abeille embrasse le miel.






Nous nous baignons dans des rivieres d’eau claire entoures d’anges, nous traversons des estuaires au lever du jour, nous siestons au soleil, berces par le bruit des vagues… L’aventure prenait un gout de paradis. Cet endroit qui, en ete, est infeste de touristes, ce jour la, nous l’avions presque pour nous seuls.







La froidure, si elle n’atteint que superficiellement l’enveloppe physique, devient souffrance lorsqu’elle atteint l’ame du voyageur fatigue. C’est donc tapi dans l’ombre bienveillante de ma tente que je continue a ecrire le recit palpitant de nos aventures.
Ainsi donc, tel qu’il a ete dit, notre destin etait de nous rendre a Picton, afin de deposer notre brillant Santiago aux portes de l’ile du nord. Ainsi fut fait. En une journee seulement de chemin, et grace a la celerite sans cesse comtee de notre Zircon, nous nous retrouvons dans la riante ville de Nelson sur les hauteurs de laquelle nous passons une nuit reparatrice. Le lendemain soir, enfin, nous touchons au but.
Du haut des collines, Picton ressemble avant tout a deux gros bateaux. Deux vaisseaux enormes sont affretes et semblent gargantuesques en comparaison de la petite ville. Dans un café du port, nous assistons l’apres midi a un concert dont le seul interet fut probablement le charme de la jeune photographe de rouge vetue. Le soir meme, l’inenarrable Santiago m’invite dans le plus couru des restaurants de la ville afin que nous celebrions, un peu a l’avance, certes, mon anniversaire. Je profite de ce media afin d’une fois de plus lui adresser mes plus vifs remerciements au sujet de cette soiree digne des plus grands galas.
Nous eumes, le lendemain, le loisir d’une promenade au sommet d’une peninsule nous prodiguant une vue imprenable sur les fjords du Marlborough. Mais, nous le savions, quelque chose de bien grave attendait nos deux heros au lendemain de cette riante journee.



Avant l’aube, le reveil d’un gsm sonnait le glas de la separation. Le vaisseau en partance de l’ile du nord n’attendrait pas le courageux Santiago. Je l’accompagnai donc jusque sur les quais ou quelque adieu viril suffit. Puis le bateau partit, emportant un homme, mais laissant tant de souvenirs a terre et dans le coeur de celui qui ecrit ces lignes.
La nuit maintenant tombee sur Titirangi Bay appelle mes paupieres lourdes a s’abaisser pour quelques heures. Quelque repit, enfin, car demain, la route serra longue; ainsi en est-il d’apres demain, et du jour d’apres encore. Car nos deux aventuriers n’auront de cesse d’explorer le Pays du Long Nuage Blanc, par tous vents et marees. Biens qu’a present separes, c’est encore ensemble qu’ils decouvriront pour vous les plus surprenants et les plus inattendus des aspects de notre chere planete. Et, qui sait, peut etre un jour, se retrouveront-ils pour de nouvelles aventures.
Bon voyage, fils du vent.

mardi, décembre 12, 2006

Le vaisseau de la terre

Bonjour a tous, tous fils du vent que vous etes,

Ainsi la separation eut lieu. Sur le ferry me menant a Wellington, je pouvais voir la cote sudiste s'eloigner peu a peu, emportant le blond Antoine a son bord.
Je ne resta pas seul longtemps. Deux sympathiques francaises me demandent de prendre une photo d'elles, les cheveux agites par la brise matinale. Nous passons le reste de la journee ensembles, a decouvrir la capitale neo-zelandaise. Le soir, embarquant ma monture au bord d'un vaisseau beaucoup plus rapide, je prends la direction de Hamilton. C'est dans la matinee que j'atteins Ngaruwahia ( imprononcable en francais), petite cite de 1000 ames,ou la culture Maori est presente en force.

Depuis le 29 novembre, j'ai donc rejoins Brian, Karen et leurs 2 enfants, pour leur donner un coup de main a la construction de leur "earthship". Depuis 2 ans, le vaisseau de la terre se trouve juche sur une colline, entoure par une vegetation luxuriante. Brian se donne les moyens de poursuivre son reve: vivre en auto-suffisance. Ainsi, la maison est constituee entierement de materiaux recycles. Le jeu est facile; il suffit de ramasser le plus possible de bric-a-brac, et de l amener sur le site. Ensuite, on reflechit a son utilisation possible ... un drole de challenge. Le travail est physiquement dur. Nous avons attaque la pose du toit hier, et mes pauvres minces muscles sentent qu'ils ont encore quelques efforts a faire !

POur aider la famille a construire le vaisseau, des jeunes comme moi, en quete d'une experience differente. Ainsi, la semaine passee, Jana, tout droit venue d'Allemagne, est venue illuminer les chantier. De tres bons moments passes ensemble, et l'assurance d'avoir une amie sincere, toujours a l'ecoute.

Nous vivons a 7 dans un 2 pieces ( la famille, moi, et les 2 nouvelles volontaires). La promiscuite est averee, mais etrangement, elle ne me derange pas. Le regime alimentaire pourra vous surprendre. 3 fois par semaine, Karen et Brian vont chercher les invendus des grands magasins. Karen fait le tri : un brocoli pour nous, un brocoli pour les cochons. Veridique. L'eau vient directement de la riviere, pas besoin de la filtrer. Mon estomac s'endurcit, irremediablement...

Santiag/Zib

vendredi, novembre 17, 2006

Le split

Tout d'abord, j'aimerai initier ce post par un message personnel, dédié à mon équipe de football ABSSA. Je pense que même si vous n'appréciez pas ce sport de brutes devenues incontrôlables une fois le ballon lâché sur l'aire de jeu, vous serez touchés par la profondeur de mon cri de désespoir.

"Chers gréziens, la défaite par forfait encourrue contre la minable équipe de Maihermont est un scandale. Je propose d'introduire un recours un conseil d'Etat, voire même d'écrire au courrier des lecteurs de télépro pour laver cet affront. Quoi qu'il en soit, sachez que même loin de vous, je vous soutiens, et espère être parmis vous pour le match retour, afin d'avoir le plaisir d'aller leur planter quelques buts rageurs, et de Kicker leur fucking ass, comme le dit si bien mon colocataire anglais". Fin de la page football.

Bref, revenons à nos moutons (tondus, car la saison a bel et bien commencé. A ce propos, saviez-vous qu'il y a 6 millions de porcs en Flandre?).

Le départ de Christchurch, l'anglicanne, est en vu. Nous quittons ce dimanche midi la cité qui nous a abrité durant 5 semaines, non sans y laisser de véritables amis. Il nous reste quelques tâches à remplir, que nous accomplirons sans trop de difficultés: une ultime fête, suivi du match de rugby FRANCE-NZ diffusé le dimanche à 9 AM, décalage horaire oblige.
Ensuite, nous partirons, à l'aide du Zircon flamboyant, qui s'est mué en van acquis par le truculent Antoine il y a déjà 4 semaines. Ce bolide, à qui pas une once d'asphalte ne résiste, nous conduira pour une ultime aventure ensemble, avant la séparation, inévitable. Ainsi, de cette déchirure naîtra un heureux évènement, le deuxième Zircon Flamboyant, ma fidèle monture que j'enfourcherai non sans plaisir, j'ai nommé mon vélo!Dès le 29 novembre, j'apporterai ma contribution à la construction d'une maison écologique sur l'ile du nord, près d'Hamilton. Vous pouvez visiter le site du projet, si l'intérêt vous y porte: homepages.callplus.net.nz/~b.gubb

Antoine restera pour un temps sur l'île du sud, afin de satisfaire son envie insatiable de découverte. Il est lié à ce bout de terre, comme le pinceau l'est à la peinture. Ces outils qu'il a mis à contribution ces derniers jours, en usant de ses talents picturaux pour accomplir une oeuvre gargantuesque. Ainsi, il existe désormais à Christchurch une caravane portant la patte, ainsi que la pâte, du délicat Antoine...

Santiago

dimanche, octobre 29, 2006

Une histoire de Kitchen et de Hand...

Mais déjà le temps des vacances touche à sa fin. Ainsi,faisant nos adieux à l'intrépide Sandra, nous regagnons Queenstown grâce au moyen de transport le plus glacial de Nouvelle-Zelande... l'auto-stop. Nous n'attendons pas beaucoup entre les voitures, mais les quelques minutes passées sous le froid et une neige fugace suffisent à nos pouces pour se réduire à l'état de balise marquant le sommet d'une montagne. Les deux derniers jours passés à Queenstown nous permettront de faire une ultime grande balade, sur une majestueuse colline surplombant la région.
Le dernier soir, je prépare un stoemp façon Nouvelle-Zelande (avec de la viande d'agneau biensur) à Antoine, pour le remercier d'avoir joué au cuistot tout au long de notre séjour.
Après un retour en bus éclair, qui nous aura permis de visionner en sens inverse la route empruntée sur nos montures, nous sommes de retour à Christchurch, que nous avions quitté 3 semaines plus tôt. Aletta et Sam, nos amis Kiwis, nous accueillent encore une fois dans leur appartement, et ce n'est que le lendemain, après leur avoir raconté bruyamment nos tribulations, que nous allons prendre possession de nos maisons distinctes, les nommées Urban Rooms.

Nous découvrons nos colocataires, venus des quatre coins de la planète. La plupart détiennent un visa semblable au notre, leur permettant de travailler, d'autres suivent des cours d'anglais, d'autres encore sont installés pour du plus long terme.
Une vie plus calme nous attend. Nous nous mettons à la recherche d'un travail, afin de pouvoir continuer à se nourrir, s'acheter des robes,etc. Nous ne tardons pas à décrocher un emploi de Kitchen Hand. Antoine dans un restaurant français, nommé le "Bon Bolli", et moi dans un restaurant mexicain, le "flying Burrito Brother". C'est peut-être le métier le plus mal payé du pays (5 euros de l'heure), mais il nous permet d'approcher la culture néo-zélandaise de plus près. Nous passons ainsi quelques soirs par semaines a nettoyer casserolles, plats, et autres matériels de cuisine, tout en goûtant aux joies de l'accent de cuisiniers kiwis...
Mais il n'y a pas que le travail. Ainsi, quelques jours de congés nous ont permis de partir avec Max, un ami allemand, à la découverte de Hammer Spring et de Kaikoura.Nous y rencontrons une anglaise sur le sommet d'une montagne, qui selon Max et moi met "the E in Easy" (je vous laisse le loisir de traduire cette expression typique du pays). Même si la pluie vient humidier ce séjour, il est bon de s'évader de la ville, furtivement.

Les fêtes sont également légions dans nos riantes maisons, et nous poussent à découvrir la vie nocturne de Christchurch, guidés par Aletta, et d'autres nouveaux compagnons habitués des lieux. Les réveils sont parfois difficiles, mais des repas de midi, tels que mon coloc anglais les affectionnent tant (spaguettis sur tartine grillée) suffisent parfois à tout remettre en place...


Votre dévoué,

truc machin

jeudi, octobre 19, 2006

Voyage voyage...

Veuillez trouver ci-apres quelques extraits des carnets de voyage de nos heros, agrementes d'images permettant de fixer quelque peu dans les esprits les contrees extraordinaires qu'ont traverse, a dos de celerigferes, un mois durant, nos deux splendides explorateurs.





La petite caravane quitte la ville de Christchurch, sur la cote est de la Nouvelle-Zelande, aux coups de midi. Le ciel bleu et le soleil brilliant dans nos coeurs qui accompagnent notre lever se substitutent petit a petit, le temps de ranger, faire nos sacs, essayer des robes, a la fatigue et la contrariete. Les premiers decors que nous traversons sont des batiments industriels, mais cet environnement est rapidement oublie lorsque nous atteignons les premiers paysages champetres, denues cette fois de tout ornement. Le pays plat que nous entreprenons de traverser est parseme de haies atteignant bien quatre metres de haut, et nous comprenons bien vite qu’il ne s’agit en rien de plantations d’agrement, mais bien de veritables murs servant de protection contre les vents.
Les elements dechaines nous font avancer au pas. Nous ne savons pas encore que nous nous appretons a traverser une des regions les plus venteuses du monde... a la saison la plus venteuse de l’annee.
Des moutons, par centaines, nous regardent passer, ebahis. Tres loin au devant, presque inatteignables, des sommets enneiges couverts de nuages surplombent cette espece de Flandre des Antipodes.
Le vent devient a chaque instant de plus en plus contraignant : meme si le pays est plus plat encore qu’un lac de l’Eau d’Heure, il est impossible de s’arreter de pedaler une seconde sans que le velo lui-meme ne s’arrete... Nous sommes tres charges, le vent est de pire en pire, l’energie se fait rare. Les villages indiques sur la carte ne sont en realite que des carrefours...
Enfin, le soir approche, et l’on nous indique un domaine public ou il est autorise de planter sa tente.
Il s’agit d’un de ces endroits fabriques pour la fete et le divertissement mais qui, une fois vides, ont tous l’air de lieux maudits ou l’on se fait egorger. Une plaine de jeux au crepuscule, emtouree de sapins noirs qui grincent dans le vent ; une cabane avec preau bordant un terrain de tennis sans filet, rappelant ces films ces films americains ou des enfants se font assassiner en Arkansas... Une plaine de jeux construite sur un cimetierre indien.
Pourtant, comme pour nous accueillir, un tas de bois nous y attend. Un bon feu rechauffe nos coeurs et le repas nous fait oubier les tracas du jour.

A l’aube du lendemain, alors que les premiers oiseaux du jour nous chantent des melodies jusque la inconnues, l’on quitte le petit village d’Hororata pour rouler vers les Gorges de Rakaia. Une petite pluie fine nous accompagne dans notre depart. Le paysage est toujours aussi plat. Cependant, en moins d’une heure, l’on depasse le record de quatre virages. Mais les tournants ne sont suivis d’aucune surprise, le paysage devient repetitif, et l’on commence a douter du sens de cette entreprise. Cette route, en voiture, nous l’aurions parcourue en une heure. La, le vent nous fait presque reculer. C’est deprimant. Pourtant... les moutons, cerf et biches ne nous quittent pas des yeux. On est des phenomenes pour eux. Les montagnes se rapprochent malgre tout.
Nous avancons si lentement que rien ne passe inapercu. A ma droite, le matin, une biere est descendue dans un tombeau. A ma gauche, l’apres-midi, un agneau quitte le ventre de sa mere. Tout cela au bord de la route.
Puis, en un instant, sans prevenir, la plaine interminable est comme dechiree par une eau turquoise qui court a une vitesse vertigineuse. La riviere Rakaia s’etend devant nous et offre pour la premiere fois un paysage different. Alors qu’en aval, le fleuve s’etend calme et clairseme entre deux berges immenses taillees par des geants ; en amont, un torrent s’acharne a creuser son lit entre des falaises rocheuses envahies de buissons et d’arbres. L’eau semble sortir directement de la montagne.
Puis, il faut remonter la berge. Un premier raidillon, balaye a nouveau par un vent de face, m’ote a nouveau tout espoir de continuer. Je finis a pieds alors que Santiago, rassemblant ses dernieres forces, atteint le sommet sur sa selle. La chaleur du soleil se mele pour la premiere fois a notre entreprise et rend nos efforts presque surhumains.
Enfin, comme pour mous recompenser, une pente douce, pour la premiere fois sans vent, nous accueille. Jusqu’a l’arrivee, la roue est clemente, le paysage est magnifique.
Nous nous arretons dans le hameau de Staveley, au pied du mont Somers, et plantons la tente au pied du mastodonte. La foret qui, de loin, semblait etre composee de noirs sapins comme dans nos mongtagnes d’Europe, s’avere un bois dont les arbres, feuillus aux troncs laineux et aux feuilles lumineuses, sont verts comme des pommes Granny.
Le lieu est exotique et sauvage. Un feu nous rechauffe a nouveau, et l’on decouvre les etoiles, une voute celeste toute autre, de nouvelles constellations, pas de Grande Ourse. La drague sera difficile, sous le ciel de Nouvelle Zelande.

Nous attaquons la montagne des l’aube. 1680 metres d’altitude, 1300 metres de denivelee... La vue, du sommet, est exaltante. L’on domine toute la plaine du canterbury, qui doit bien etre aussi vaste que notre Wallonie. A l’horizon l’on devine les collines de Christchurch et l’ocean Pacifique. La, on se rend compte de la distance parcourue. Ce n’est pas rien.

Fatigues et rompus par la rude descente, nous rencontrons enfin ce qui nous semble etre la premiere jolie Neo-Zelandaise que l’on croise. Ca nous nonne un peu d’entrain qui nous permet de gagner le village de Mt. Somers dans la soiree.


La bourgade nous fait un effet surprenant : deux routes paralleles avec un peu d’herbe entre les deux. D’un cote, l’ecole, batiment blanc en bois ; de l’autre, le dairy (petit magasin tres cher mais toujours la quand on en a besoin). La presence d’un petit preau avec plancher devant chacun d’eux nous donne une impression de ville de Western. Le panneau « School » metallise pend et suit les mouvements du vent en grincant lugubrement. Vide et silencieux, le ciel se couvre.
Nous passons la nuit dans la cuisine d’un camping dont nous sommes les seuls clients. Une simple porte separe notre « dortoir » de la salle des fetes du village et, comme on est samedi soir, nous craignons une fete dominicale le lendemain matin.

Notre petit dejeuner est en effet trouble par des ris dans la piece d’a cote. Des gens deplacent des chaises... une fete se prepare vraiment ! Comme il fait gris, comme il pleuvuine un crachin obstine, on propose notre aide aux gens de la salle des fetes, histoire de faire quelque chose de notre journee de repos, puis surtout d’apaiser notre curiosite.
La fete qui se prepare est destinee a Brendan, homme d’une quarantaine d’annees, decede il y a deux semaines. Son coeur s’est arrete, sans prevenir, lorsqu’il faisait de la plongee.
L’ambiance est pourtant aux rires, et l’on est chaleureusement accueillis pour aider a installer les chaises. Nous sommes ensuite invites a rester a la ceremonie. Devant la scene de la salle des fetes comble sont installes un micro et des photos, des objets ayant appartenu a Brendan. Tour-a-tour amis, membres de la famillle, gens du village disent une petite intention.
Quand un Kiwi (un Neo-Zelandais) nous parle, il fait un effort pour etre comprehensible et parler l’anglais des livres. Mais quand un Kiwi s’adresse a d’autres Kiwis, il ne fait pas attention : il parle Kiwi. Nous ne comprenons donc pas grand chose a ce qui est dit. Cependant, nous pouvons sentir tout ce qui passe par les gestes et les sourires, c’est a dire de la tendresse, de l’apaisement.
Nous ne restons pas au gouter, car, tels des Lucky Lukes, une longue route attend les lonesome cowboys que nous sommes, puis aussi, quoi qu’il en soit, nous ne sommes pas vraiment a notre place.
Le ciel est maintenant aussi bas que dans une chanson de Brel. Le Mt. Somers lui-meme, qui hier encore nous narguait du haut de toute sa superbe, et que Brendan aimait a defier, s’est couvert d’un epais voile de nuages gris cachant son sommet. Comme si c’etait sa maniere a lui de s’incliner, humble.
La route, malgre le ciel menacant, est plus que clemente : pour la premiere fois le vent nous pousse en avant. Nous roulons donc jusqu’a la nuit et atteignons la porte des montagnes : Geraldine.
Jusqu’a present, nous n’avions pas trop de projets... maintenant c’est decide : nos destinations sont les lacs Tekapo et Pukaki, au pied du gargantuesque Aoraki/Mt. Cook, sommet de la Nouvelle-Zelande.
La route du lendemain devient de plus en plus sinueuse et les collines prennent des airs dopulentes poitrines vertes garnies de petits moutons blancs. Le macadam est toujours parseme de cadavres danimaux de toutes sortes: rapaces, canards, oppossums, lapins, chats, mais aussi, des carcasses dagneaux sentassent sous les boites aux lettres des exploitations agricoles.

A nouveau, le vent sengouffre partout, et lon passe tres peniblement ce qui sera notre premier col: le Burkes Pass. Nous nous attendons, apres cela a une descente sympathique et douce, ce qui est le cas mais le vent est si fort que meme en pente, si on ne pedale pas le velo sarrete Cest terriblement deprimant.

Puis, dans le noir complet, nous entamons une sorte de plaine immense, terriblement plate, parsemee dune herbe rare et entouree au loin de montagnes qui ne semblent prepares par aucune colline. La route na jamais ete aussi droite, ni aussi plate, mais le vent n,avait encore jamais ete aussi fort On irait plus vite a pieds Japercois difficilement au loin devant moi la faible lumiere rouge du phare arriere de Santiago

Puis, un grosse jeep avec remorque arrive en sens inverse. Apres mavoir depasse, elle fait demi-tour derriere-moi et vient se garer devant Santiago. Nous navions rien demande, mais cet homme nous avait vu en allant jusquau lac Tekapo et avait fait demi-tour apres y avoir depose ses collegues pour nous recuperer Il reste une quinzaine de kilometres et mes forces etaient a bout! Apparemment, nous roulions dans la plaine la plus venteuse du pays, a la saison la plus venteuse, dans le pays le plus venteux du monde. Rien que ca

Arrives au camping, la dame de laccueil a du mal a croire quon soit venu a velo et quon veuille par-dessus tout planter notre tente Soit on lui fait pitie, soit on est des heros: toujours est-il quelle nous oblige a prendre une chamber dans le backpackers quelle nous facture au prix dun emplacement de tente cest a dire moitie prix

Le lendemain, apres une nuit extraordinaire passee sur de vrais matelas, nous prenons une journee de repos dans cet endroit de reve. Le lac est entoure de montagnes. Leau y est turquoise et calme comme un miroir. Au-dela des montagnes, un paysage lunaire setend jusquaux montagnes suivantes Et probablement ainsi de suite
Nous restons une nuit de plus dans ce backpackers, dont la gerante semble trouver tout naturel de nous facturer le meme prix que la veille Le paradis.

Apres un de ces longs et lents petits dejeuners que jaffectionne tant, nous quittons le lake Tekapo le lendemain, en direction du Lac Pukaki, au pied du Mt. Cook. La route est charmante, et le vent plutot favorable. Nous traversons le long dun canal une vaste plaine entouree de collines aux allures de montagnes. Lherbe, brulee par la neige qui vient a peine de se retirer, lui donne des allures de desert.

Le lac Pukaki est bien plus grand que le lac Tekapo. Le paysage est extraordinaire, une fois de plus: une plaine bien plua plate encore quune flandre, entouree de monts vertigineux sinclinant eux-memes sous de lours nuages, de sorte a ce que leurs sommets soient inimaginables.

Dans le camping, une bande dados americains et allemands en colonie nous amuse beaucoup. Nous rencontrons un couple de sympathiques francais qui nous deposeront le lendemain au pied du mopnt cook. Cen est fini de la pedalade, du moins pour deux jours.

Le lendemain, nous randonnons le long du Glacier Tasman jusqua un refuge entoure de trios glaciers qui se telescopent. Je suis dabord frustre de ne voir, a la place du glacier, quune informe masse de gravats grisatres. Puis, on apprend que le glacier est dessous et senfonce dans le sol jusque deux-cents metres de profonceur. Le soir, au refuge, dans le silence crepusculaire de la montagne, lon peut lentendre craquer de tout son long sous leffet des dernieres chaleurs du jour, et lon jurerait que cette chose est vivante.

Dans une cabane concue pour six personnes, on se retrouve a huit. Un couple de finlandais et quatre etudiants israeliens. Lambiance est bonne, et on prend la decision de se lever a 6h30 du matin pour voir le lever du soleil.

En realite, nous avons sous-estime le soleil, qui se leve bien plus tot. Par contre, detranges perroquets verts et rouges saluent le jour et les voyageurs dune maniere bruyante et amicale, curieux comme des gamins. Les keas sont natifs de Nouvelle-Zelande et y sont Presque aussi populaires que les kiwis on peut aisement le comprendre

Nous redescendons en debut dapres-midi, fourbus, apres avoir crapahute au milieu des buissons jusqua la crete qui nous surplombait, pour apercevouir de plus pres le glacier du Mt. Cook. Cette fois, il est bien blanc et propre, plus terrifiant encore que le glacier Tasman.

Les finlandais, auxquels Santiago sattache beaucoup, nous deposent plus bas, a Twizel.

Ce soir-la, nous elaborons le projet de descendre jusqua Wanaka puis Queenstown.

Le matin suivant, sans rechigner, nous entamons une route droite et facile comme le chemin menant aux enfers. Nous avons pour la premiere fois un vent de dos qui gfait beaucoup de bien au moral. Mais lenfer nous attend au tournant. La route reprend vers louest et, a nouveau, on avance au pas mais pas por trop longtemps et le chemin, meme sil est raide, est bien plus agreeable lorsque nous entamons la montee vers le Lindis Pass.


Nous sommes ensuite a nouveau dans une vallee, a nouveau dans le noir mais cette fois a la recherche dun logement qui soit financierement interessant. Nous plantons donc la tente dans le jardin dune eglise, partant du principe que Dieu est cense etre un berger et que ses eglises sont autant de bergeries pour ses agneaux, esperant, avec ces arguments, contrer lire eventuelle des bedeaux du dimanche matin.

En loccurrence, a Tarras, lon ne prie pas a leglise, le dimanche matin, et le reveil est doux, bien quhumide. Nous entamons les trente kilometres qui nous restent jusque Wanaka sious la pluie et, contre toute attente, ce nest pas si desagreable que , malgre les doigts geles

Dedale de magasins et denseignes lumineuse, Wanaka est une ville resort pour vacanciers. En loccurrence, ici, cest une foule de surfeurs aux multiples piercings et rastas qui nous accueillent. Nous passons lapres midi a attendre dans un café que la tente seche

Le lendemain, nous grimpons au sommet du Mt. Roy. Du sommet, nous avonc une vue etonnante sur le lac Wanaka, paysage quaucune photo ne pourra jamais render. Le lac est parseme diles et de peninsulas. La lumiere du soleil, rare, caresse les cretes devant nous et des taches comme phosphorescentes se prominent dans la vallee, effet des nuages qui, par a-coups, laissent transparaitre quelque rayon lumineux.


Arrives en bas, epuises, alors que le soleil se couche, un genre de maori de deux metres de haut et au moins ca de large sapprete a grimper la montagne en courant, affable, en sus, pour la forme, dun poids pose sur sa nuque.

Notre seconde journee a Wanaka se traduit par une promenade de repos, qui finalement savere etre aussi crevante que les autres avec, par dessus tout, un ciel trop menacant pour etre plaisant.

Le soir, une famille kiwi sest installee a cote de notre tente. Les trois garcons sont tres bruyants et la maman semble avoir du mal a les contenir. Elle doit plusieurs fois sortir de sa tente pour remettre les enfants dans le droit chemin afin quils dorment. Comme le spectacle sonore nous amuse et nous empeche de dormir, nous decidons de pimenter un peu plus le jeu en faisant des petits bruits terrifiants autour de la tente des garcons. Le resultat ne se fait pas attendre: leurs cris oblige la maman a sortir de sa tente a nouveau pour les enguirlander. Et nous de reprendre de plus belle.

Ainsi, si la journee fut de celles dont on ne gardera que peu de souvenirs, la soiree, elle, fut de celle dont on pourra dire quelle etait rigolote.

Sur la carte routiere, la route Wanaka-Queenstown via Cardrona semble ideale et nous lentamons dans le soleil et la bonne humeur. Une route deserte, celle des chercheurs dor. Lendroit fait tres western: anguleuses collines de sable erodees par le vent et couvertes de buissons epars et dherbes jaunies, cabanes abandonnees de chercheurs dor, et nous rencontrons meme un vrai chercheur dor.

Mais le vent de face est penible a nouveau. La cote deviant de plus en plus forte. Des panneaux davertissement Not recommended for towning cars se multiplient et font peur. Le guidon du velo de Santiago se desolidarise de plus en plus du reste et rend son ascention penible. Lon finit par se retrouver sur la cote la plus forte quon ait eu et la plus longue.

Enfin, et tout a coup, comme nous ne lesperions plus, la cote prend fin. Sur le col, une vue magnifique jusque Queenstown puis, surtout, une stele ou lon peut lire, entre autres: ceci est la plus haute route betonnee de Nouvelle-Zelande”… Et bien merci. On autrait ete mis au courant avant que ca naurait pas ete plus mal. Notre carte hyper touristique, qui indique ou sont les toilettes et les lieux de tournages du Seigneur des Anneaux, nindique pas un col de 1000 metres Et bien bravo.



Tres belle et rapide descente sur Queenstown. La ville est du genre de Wanaka, mais en plus grand. Tout ici nous appelle a faire la fete jusqua plus dheure, a boire, a faire du saut a lelastique, a surfer dans des surfparks, a faire de lavion, du parapente Bref, faire des trucs. Surtout, depenser un maximum avant de rentrer chez soi.

La journee suivante est dediee au repos, au vrai, cette fois, cest-a-dire somnolences dans lherbe, dejeuner au bord du lac

Le lendemain matin, nous nous faisons deposer a Glenorchy, tout au bout du lac, par une gentille anglaise du backpacker ou nous avons passe la nuit. Puis nous traversons le lac en bateau, pour nous rendre au commencement du Caples track.


En realite, nous essayons de nous rendre jusquau Milford Sound, un spectaculaire fjord de la cote ouest. Mais la route qui y mene, a partir de Queenstown, fait un detour dau moins deux cent kilometres. Nous avons donc choisi le chemin le plus court, cest-a-dire la traversee des montagnes a pied, Presque en azimut. On dejeune pres dun vieux mouton mort pour se donner de lappetit, puis le trek commence. Le ciel est fabuleusement bleu, pour la premiere fois immacule. Lon suit une riviere tantot large et bordee de prairies, tantot torrent etroit engouffre vertigineusement entre les rochers. Comme nous portons avec nous materiel et nourriture pour cinq jours, les sacs sont tres lourds. La marche, malgre le beau temps, devient douloureuse et fatigante.

Dans le refuge, une ambiance germanophonme assez bruyante mais sympathique nous accompagne dans notre sommeil.

Notre reveil est provoque par la pluie sur les toles de la cabane. Nous commencons a marcher dans une foret de hetres tres dense, au sol tapisse de mousses dun vert eclatant, malgre labsence de soleil. Le chemin nest pas escarpe mais difficile en raison des raciness et de leau qui commence a irriguer notre trajet. Au plus nous grimpons, au plus la pluie est forte. Au plus la pluie est forte, au plus le chemin deviant riviere. Les efforts du debut pour garder les pieds secs sont maintenant vains.

Nous arrivons sur un col venteux entoure de montagnes sur lesquelles il neige en ce moment meme. Les sommets ont beau etre dans le brouillard, la vue a quelque chose de mysterieux, cest tres beau. Mais le vent est tel, nous sommes si trempes que le froid nous oblige a entamer la descentre de lautre cote, un flanc boise abrupte comme jamais. Nous comprenons le sens de rainforest lorsque nous rejoignons en bas un marais en crue, toujours sous la meme pluie, et nous devons traverser plusieurs rivieres avec de leau jusquaux genoux. Pour ceux qui ont grandi avec le film Lhistoire sans fin, ils peuvent aisement imaginer ou nous etions en revisionnant la scene ou meurt le cheval du heros, en plus touffu, moussu et vert.

Arrives au refuge suivant, on devore notre repas de midi (a 14h30), et nous sechons nos os a la chaleur du poele a bois.

Le ciel du jour dapres est gris a nouveau. Nous quittons le refuge du lac Howden pour arriver, une heure apres, au Divide, endroit ou lon rejoint la route pour le Milford Sound. Nos pouces dresses vers le ciel et nos charmants sourires attirent le regard de Sandra, allemande en voiture de location.

La croisiere sur le Milford Sound est particuliere Le temps est si degueulasse que lon se demande sil ne vaut pas mieux remettre a demain. Mais Tomorrow itll be worse! Today its just normal!”… Et le ciel de tonner.

Nous gardons un souvenir vibrant de cette croisiere de 1h30 ou lon ne vit presque rien, si ce nest des parois abruptes et des cascades gargantuesques, et ou le vent et la pluie etaient tells qua chaque instant lon eut cru que le bateau puisse chavirer. La brume, la puie et les embruns donnaient aux montagnes qui sortent de leau un aspect de zone interdide, repere secret de pirates maudits, aux cretes acerees et accidentees, canines mordant les elements aeriens.

Inutile de preciser que nous revenons trempes jusquaux os, sans oublier que nous avions sur nous nos derniers vetements secs Lorsque nous rentrons avec Sandra au backpacker de Te Anau, nous avons beaucoup de mal a acheminer en calecon nos vetements mouilles de la chambre jusquau sechoir, en passant par le salon

Mais il fait bon vivre dans cette charmante auberge de jeunesse a la riante cuisine, et nous y restons deux nuits, avec, une petite promenade le lendemain avec Sandra, sur des sentiers parcourant des sous-bois qui me semblent tres peu depaysants. La Gaume et le Condroz ont encore de tres beaux jours devant eux.