mercredi, janvier 24, 2007

Les tribulations du Zircon en Baie Doree

Tout d'abord, bon vent a ce fils du voyage qu'est Santiago. Qu'il sache combien il a ete courageux et fort de partager ces mois en ma compagnie et avec mes crises pre-cafe/repas.
Bon retour... Embrasse bien tout le monde... Et puis par pitie ne tue personne avec tes projets de malade ;-) Du moins pas avant mon retour!

Bon, passons aux choses serieuses...

Il est quelque part sur cette planete une terre ou mer, soleil et montagne se marient dans une harmonie au-dela de lentendement humain. De ci, une vegetation presque tropicale couvre les roches et se fait ecrin pour toutes sortes d'oiseaux rares; de la, un animal singulier que l'on appelle Homme embrasse chaque matin le sol sacre en y puisant cette vie qui le fait aimer et mourir heureux.
Cet Eldorado, l'on n'y accede qu'a force de courage et perseverance. A moins d'y venir en bateau, il faut au voyageur temeraire une bien fiere monture qui se voudra capable d'escalader "la colline", avant de trouver repos dans l'herbe verte et tiede.
A bord de son fier Zircon, notre heros avait releve le defi. A l'autre bout de la Takaka hill l'attendait une experience bien particuliere. L'idee etait simple et sans equivoque possible: en echange de quelque sustentation alimentaire et d'un lit, il travaillerait la terre.


Il fut accueilli a bras ouverts par les habitants de cette Baie Doree. Au bout d'un long chemin en graviers (le lecteur assidu est maintenant familier avec ces gravelroads), vit un couple de hyppies a la retraite. Leur vie, jour apres jour, s'est forgee au fil des rencontres parmi les plus inattendues et les plus inesperees. Ainsi Bruce a-t-il tour-a-tour ete mecanicien au Canada, Luthier a Rome, guitariste aux USA et improbable fiance d'une princesse indienne a Delhi. De meme, Jessica a-t-elle ete baroudeuse solitaire en Amerique Latine, en espagne et en suisse, enseignante a Londres sous l'aile des premiers disciples de M. Rudolf Steiner, et enfin a-t-elle rencontre Salvador Dali a Barcelone.
Aujourd'hui, a soixante-cinq ans accomplis, ils s'installent dans cette Baie Doree et y construisent leur maison de boue et de paille. Et au fond de leur coeur vibrant, chaque matin, naissent de nouveaux projets insenses.
Ainsi notre heros redecouvre-t-il les joies du jardin dans ce paradis terestre. Le tui curieux - tant adore qu'il prete meme son nom a une biere - chante ses complexes melopees au jardinier agenouille. Ou en serait la musique classique aujourd'hui si Beethoven avait ete kiwi? Effraye par une brouette, sans doute un peu coupable de son diner de jeunes pousses, le pukeko s'envole, gauche et veule, vers un autre potager sans doute.





Deja, le soleil est au zenith et le dejeuner se fait pretexte a la reunion de ce couple et de leurs jeunes recrues. Stina, Ting-Ting, Akiko et Antoine.














Jessica se dit initiatrice du mouvement "slow
cooking", et notre heros decouvre les joies du slow eating, du slow digesting ainsi que celles d'une assiette sans viande - qui l'eut cru? Et tout cela vient de la terre.
Une sieste, un peu de guitare ou de dessin, un bain hilarant dans une mer tantot demontee, tantot mirroir, puis quelques heures encore de compostage, de triage de boulons et. deja, le soleil se cache derriere le mont Para-Para. L'on y apprend a ne pas utiliser sa montre. Chaque arbre, chaque pic ou crete est un repere faisant du soleil un indicateur precis du temps qui passe.



Un nouveau diner se profile a l'horizon, puis ris et chants, tendresses et contemplations du ciel etoile drapent nos camarades dans un sommeil savoureux.

La vie prend son temps, en Golden Bay, les journees y sont longues et bonnes.
Noel, s'il se fete, se celebre au sommet du mont Para-Para, et le cadeau au pied du sapin est un lever de soleil inoubliable, ou les nuages font l'amour avec les arbres. Pour
sur, le solstice d'ete, lui, sera fete: recolte de coquillages gonfles de vie et festin de roi sur feu de bois celebrent le jour le plus long de l'annee.
Puis, car aucun ecrin n'est vraiment ce qu'il semble etre de l'interieur, le monde du dehors rappelle nos heros
a d'autres missions: l'une, un retour en auditoires, l'autre, un vol vers Vienne, et celui-ci enfin qui ecrit ces lignes, l'appel du voyage.
Comme un sas entre Golden Bay et retour a la vie citadine, le reveillon sera celebre sur une plage, dans le parc Abel Tasman. Pour les douze coups de minuit, aucun pied ne touchera le sol, suspendus dans une mer ou les nuees de planctons repondent a la lune.
Pour l'occasion, Aletta - la couchsurfeuse de Christchurch (voir archives Octobre 2006) - rejoint la petite caravane. Le Zircon est alors fier de constater qu'il peut supporter a son bord quatre demoiselles, un chauffeur et un auto-stoppeur.
Aux premiers jours de 2007, le petit groupe se disloque petit-a-petit, et ils restent deux a
grapiller encore quelques derniers instants d'insouciance ensoleillee a voyager lentement vers Christchurch.



L'incontournable Jazzfestival de Nelson et l'escalade, en trois jours, de l'intimidant Mt. Robert retiennent nos camarades un peu plus a l'ecart de la civilisation.
Ainsi furent les derniers moments de 2006 et les premiers jours de 2007 pour notre heros. Est-ce le lieu des resolutions? Est-ce juste une parenthese? Il faudra sans doute qu'une vie entiere se passe pour que
notre heros oublie ces moments, ces cueillettes, ces amities.






PS: Je me dois d'etre honnete: la photo du pukeko et celle du tui ne sont pas de moi... Merci google!

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